
La Première Guerre mondiale (1914-1918) a marqué une rupture dans l’organisation des Jeux Olympiques. Berlin avait été choisie pour accueillir l’édition de 1916, qui n’eut finalement jamais lieu.
Après la guerre, l’Allemagne et ses alliés ayant été exclus des Jeux, il fallut choisir l’endroit où allaient se célébrer les Jeux de 1920, les premiers après la guerre. L’honneur échut à un pays que la guerre avait durement frappé: la Belgique, et plus précisément la ville d’Anvers. Son maire, Jan de Vos, qui en 1914 avait dû abandonner sa ville à l’attaquant allemand, placerait le 4 juillet 1919 la première pierre du stade olympique.
Curieusement, l’un des architectes de ce stade olympique, Fernand de Montigny, participa à plusieurs éditions des Jeux olympiques, et obtint même cinq médailles pour la Belgique: deux d’argent et trois de bronze. Quatre d’entre elles pour l’escrime et une pour le hockey.
Un autre fait curieux est celui que les Jeux d’Anvers furent les premiers au cours desquels les athlètes prestèrent le serment olympique et aussi les premiers où on hissa le drapeau olympique.
On peut également citer comme anecdote intéressante le fait que le podium du 100 m de natation fut monopolisé par trois nageurs américains, tous les trois d’Hawaï et qu’au sommet du podium se trouvait le père du surf moderne en personne, Duke Khanamoku.
Et pour clore cette liste de curiosités et se tourner ainsi vers l’auteur de notre carte postale d’aujourd’hui, il faut se souvenir qu’entre 1912 et 1948, au cours des Jeux olympiques on pouvait non seulement remporter des médailles dans les compétitions sportives, mais également dans les compétitions artistiques, auxquelles on participait en présentant des œuvres d’art évoquant des disciplines sportives.
Un de ces « artistes médaillés » aux Jeux Olympiques d’Anvers fut le Belge Alfred Ost (1884-1945), qui, avec son illustration « De Voetballer » (le joueur de foot) a remporté une médaille de bronze. On peut encore voir aujourd’hui le joueur de foot d’Ost dans ce musée dédié au sport qui se trouve au nord de Bruxelles, près de Malines (Mechelen) où Ost passa justement une grande partie de sa vie d’illustrateur.

Alfred Ost réalisa de nombreuses affiches, notamment une série consacrée à annoncer des bals masqués qui avaient lieu à l’Opéra de « La Monnaie » à Bruxelles au début du XXe siècle.
La carte postale d’aujourd’hui reprend précisément l’une de ces illustrations, et le recto nous donne un peu plus d’informations sur ces bals.

Ruinart produit depuis 1729 du champagne et est la plus ancienne maison de Champagne. Actuellement, la marque appartient au géant du luxe LVMH (Louis Vuitton Moët Hennessy).
Comme nous le montre la carte postale d’aujourd’hui, ce champagne de prestige ne manquait pas aux buffets des quatre «Grands Bals Masqués» prévus en 1914, ce qui était annoncé, je suppose plus en guise de publicité qu’en guise d’invitation, à la destinataire de la carte postale d’aujourd’hui: Une marchande de vins et de liqueurs.
Alfred Ost est mort en 1945. Il a passé ses dernières années dans une grande pauvreté aggravée par la guerre, il échangeait ses tickets de rationnement contre le gîte et le couvert auprès des moines jésuites du Collège Xaverius d’Anvers, pour lesquels il réalisa quelques œuvres d’art. En signe de gratitude, il décora en effet plusieurs chambres et couloirs à l’aide de charbon. On peut encore aujourd’hui admirer ces magnifiques œuvres d’art.
Traduit par Florence Dangotte