
La carte postale d’hier nous a laissé un indice que je n’ai pu m’empêcher de suivre de près: une signature dissimulée dans la bordure d’un trottoir de la rue de la Montagne.

Dire à notre époque qu’internet nous permet de trouver tout ou presque peut sembler banal. Mais ici, en plus d’avoir trouvé toute sorte d’informations intéressantes, je pense avoir réussi, grâce à pas mal de recherches sur Google, à établir ce genre de liens entre passé et présent auxquels personnellement je ne m’attendais pas lorsque, il y a quelques jours, j’ai commencé à examiner cette carte postale de la boutique d’un tailleur rue de la Montagne.
Après avoir lancé la recherche sur internet « G. Onkelinx Belgique » ou «Onkelinx», j’ai pu découvrir que Guy Onkelinx, car c’est son nom, était un photographe belge et un aquarelliste reconnu, qui a commencé des études de Beaux-Arts à Liège et les termina à Bruxelles. Il existe un article sur la version néerlandaise de Wikipédia, qui m’a permis, après l’avoir passé dans la moulinette de Google Translator, de faire des connexions intéressantes.
Onkelinx avait un studio de photogravure à Bruxelles, et apparemment aussi un autre au numéro 7 de la rue du Louvre à Paris, même si je n’ai trouvé que de maigres éléments pour corroborer l’existence d’un studio à Paris.
Outre les nombreuses cartes postales de 1914 qui montraient la destruction de plusieurs bâtiments à Charleroi (voir l’article précédent), j’ai trouvé des informations se rapportant aux années que l’artiste a passé en Suisse, où il a même exposé.
Cette affiche d’une galerie d’art à Vevey, présente le portrait d’un prisonnier de guerre réalisé par Onkelinx, et annonce une prochaine exposition en faveur des internés belges.
Les internés de la guerre en Suisse étaient des prisonniers de guerre alliés (britanniques, français et belges) qui, blessés et faits prisonniers par le camp allemand, ont été soignés sur le territoire suisse entre 1914 et 1918 grâce à l’intervention du Comité International de la Croix-Rouge. Onkelinx semble avoir, d’une certaine manière, contribué à alléger les souffrances de ces blessés.
De retour à Bruxelles, on trouve aussi cette publicité, où était annoncé le changement d’adresse de son studio de photogravure à Bruxelles. Tout, dans cette publicité, me semble charmant: depuis la photogravure représentant un sphinx au regard hypnotique, qui fut le logo de son studio, jusqu’à cette gravure sur la page suivante, clairement de style Art Nouveau, signée par G. Onkelinx lui-même.

G. Onkelinx – annonce du transfert du siège de G. Onkelinx

J’ai aussi trouvé d’autres documents en rapport avec son atelier de photogravure sur la page du site du Musée des Techniques Anciennes à Grimbergen. Dans ce musée où sont conservées quelques autres annonces publicitaires similaires, on explique que Monsieur Onkelinx était spécialisé dans la photographie publicitaire, les catalogues commerciaux, etc.
À ce stade, je pensais être arrivé au bout de mes recherches et avoir épuisé tout ce qui pouvait être dit en rapport avec cette carte postale de la boutique de tailleur de Charleroi. Mais, comme vous pouvez le constater en regardant la photo en tête de cet article, Monsieur Onkelinx ébauche un sourire mystérieux, et à juste titre.
Une recherche sur Google, dans ce cas « Guy Onkelinx aquarelle », a retourné plusieurs liens vers des sites de ventes aux enchères d’aquarelles de Guy Onkelinx et une page personnelle Facebook d’un aquarelliste nommé Patrick Laureys, qui mentionne dans son profil qu’il est l’arrière-petit-fils de Guy Onkelinx.
Depuis son profil Facebook, j’ai atterri sur le site web de Monsieur Laureys où se trouvent beaucoup de ses réalisations et une section de contact. Je lui ai donc envoyé un e-mail lui parlant de ce blog et de comment je me suis intéressé à l’histoire de son arrière-grand-père.
La réponse de Monsieur Laureys, très sympathique, ne s’est pas fait attendre. C’est donc finalement par des détours plutôt inattendus qu’un article dans un blog, qui commençait par une photo prise il y a un siècle et qui semblait avoir déjà tout révélé sur cette photo, a finalement trouvé une suite.
Comme j’ai pu l’apprendre par son arrière-petit-fils, Guy Onkelinx est né le 20 avril 1879 à Liège et est décédé un 12 décembre 1935 à Bruxelles. Son intérêt pour le dessin et l’aquarelle lui permit de perfectionner ses œuvres dans l’exercice de ses fonctions de photograveur.
La connexion généalogique entre Guy Onkelinx et Monsieur Patrick Laureys est la suivante. Guy Onkelinx et son épouse Pauline Lucas étaient les parents d’Elmire Onkelinx, qui a épousé Jacques Laureys. Jacques et Elmire étaient les parents de Paul Laureys. Ce dernier et Marie-Henriette Evrard sont les parents de Patrick Laureys et de son frère Philippe Laureys.
Monsieur Laureys, que je tiens à remercier pour sa gentillesse, m’a aidé à reconstruire cette histoire et m’a envoyé par e-mail la photo de Monsieur Onkelinx qui ouvre cet article. Il m’a aussi envoyé une copie d’un ex-libris imprimé dans son atelier de photogravure et une photo de l’une de ses aquarelles qui me permettent maintenant de conclure l’article au sujet de cette carte postale de la boutique de tailleur de la rue de la Montagne.


En regardant la photo de Guy Onkelinx, j’aime à penser que derrière ce sourire énigmatique et ce regard malicieux se cache un petit clin d’œil à la postérité.
Traduit par Florence Dangotte
Bonsoir. Détenant un très beau portrait de jeune homme peint en 1920 par Guy Onkelinx, je faisais des recherches sur l’artiste et suis tombé sur votre blog et cette charmante histoire de carte postale. Y trouvant le lien sur le site de Monsieur Laureys, il a été très aisé d’y trouver son adresse courriel. Je viens de lui écrire et de lui envoyer, à son aimable demande, des photos de l’œuvre. Voyez, j’aime à penser que ce développement donne une suite sympathique à votre histoire et cet épisode n’aurait évidemment pu exister sans vous. Bien cordialement, J-B Paquien