
Voici une carte postale du début du XXe siècle, montrant les trois derniers survivants d’un événement militaire qui eut lieu trente ans auparavant, plus précisément en 1870.
1870 fut une année fatidique pour la France. La guerre contre la Prusse a non seulement entraîné la perte de l’Alsace-Lorraine, qui est passée aux mains des Allemands, mais a également abouti à la réunification des Etats allemands autour de la Prusse. La création de l’Empire allemand en 1871 est le résultat de cette union de forces contre la France. On peut difficilement imaginer pire humiliation pour la France quand on sait que, lors de la bataille de Sedan, l’armée prussienne fait prisonnière toute l’armée française y compris son empereur Napoléon III et que plus tard Guillaume Ier est couronné kaiser dans la Galerie des Glaces du
château de Versailles. Y a-t-il endroit plus digne de faire enrager les Français pour le couronnement de l’empereur ennemi ?
Les raisons d’une guerre sont parfois complexes à démêler. Dans ce cas, l’Espagne eut son rôle à jouer, même si la vraie raison était ailleurs. La Prusse, connaissant la faiblesse de l’armée française, voulait en profiter pour donner une bonne raclée à la France. Il suffisait seulement de la provoquer un peu pour entrer en guerre.
Après en avoir chassé Isabelle II, l’Espagne avait besoin d’un roi pour occuper le trône resté vide. Les généraux Prim, Serrano et Topete se mirent à proposer le trône espagnol à la moitié des têtes couronnées d’Europe : ils allèrent même jusqu’à l’offrir à un prince allemand Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen. La candidature du prince reçut le soutien du Premier Ministre prussien Otto von Bismarck mais déplut fortement à la France, qui se voyait déjà encerclée par ses ennemis jurés, les Prussiens, un peu comme pendant le règne des Habsbourg.
Léopold retira sa candidature, mais Bismarck la représenta, au risque d’irriter les Français. Si l’ambiance était déjà surchauffée, la manipulation d’un télégramme de Guillaume Ier par Bismarck qui envoya tout simplement promener l’ambassadeur français suite à sa demande de retrait officiel de la candidature de Léopold au trône d’Espagne, termina de mettre le feu aux poudres. Finalement, en Espagne, après avoir mis les pieds dans le plat, on offrit le trône au roi Amédée Ier de Savoie, bien que le règne de ce roi italien fût de courte durée.
Lors de la guerre de 1870, les Français subirent une défaite importante avec plus de 130.000 morts parmi les civils et les soldats. La ville de Strasbourg reçut 200.000 coups d’obus au cours du siège par les troupes prussiennes.
On comprendra donc que du côté français, on n’avait pas très envie de se rappeler cette guerre. Il y eut cependant un épisode de résistance héroïque digne d’être commémoré, où quelques soldats français se sont battus jusqu’à l’épuisement de leurs munitions avant de se rendre à l’agresseur allemand. Cela eut lieu à Bazeilles, lors de la bataille de Sedan.
Alphonse de Neuville en 1873 a peint cette scène de résistance sous le titre « Les dernières cartouches », recevant pour cette œuvre rien de moins que la Légion d’Honneur:
La maison où eut lieu cet épisode de résistance est vite devenue un musée et peut encore se visiter aujourd’hui.
Je vous laisse avec ces trois survivants des « dernières cartouches ».
Traduit par Florence Dangotte